Le tourisme durable et ses dérivés

S’il est important, le critère du tourisme durable est aussi générationnel : 67 % des 18-34 ans jugent le critère de l’impact important.

Afin de préparer au mieux ce cours, veuillez regarder la vidéo suivante sur le tourisme durable :

Concept et définition

Le tourisme durable satisfait les besoins actuels des touristes et des régions d’accueil tout en protégeant et en améliorant les perspectives pour l'avenir. Il est vu comme menant à la gestion de toutes les ressources de telle sorte que les besoins économiques, sociaux et esthétiques puissent être satisfaits tout en maintenant l'intégrité culturelle, les processus écologiques essentiels, la diversité biologique, et les systèmes vivants.

Plus précisément, quand l’on parle de tourisme durable on parle bien évidemment de développement durable, une conception de la croissance économique sur le long terme, qui fait intervenir trois facteurs majeurs.
  • Le facteur social : dans le cadre du tourisme durable, il s’agit de respecter l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil, sensibiliser le touriste à leur mode de vie et améliorer les échanges interculturels.
  • Le facteur économique : œuvrer dans le but de faire participer les communautés d’accueil aux activités touristiques en tant que « prestataires » et les faire profiter des retombées économiques engendrées.
  • Le facteur environnemental : pour sensibiliser le touriste aux problématiques écologiques et l’inciter à sauvegarder la biodiversité et les ressources naturelles.
Le tourisme durable est souvent vu alors comme étant antagoniste au tourisme de masse, ayant pour but principal de limiter les dégâts et désagréments engendrés par ce dernier. Le tourisme durable est par conséquent vu comme un tourisme alternatif au tourisme de masse ou « classique » , dont les partisans le voient comme une industrie cherchant la rentabilité à tout prix et à court terme, ayant ainsi un impact négatif sur l’environnement et les populations locales des régions visitées.
Il est difficile de noter précisément en quelle année la notion et l’application du tourisme durable ont vu le jour, cependant on peut le rattacher à l’apparition de l’Agenda 21. (un plan d’action pour le XXIè siècle, adopté par 173 chefs d’Etat lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro, en 1992.) Ainsi, le tourisme durable est un domaine étant apparu au début des années 2000, après une étude de l’Union Européenne qui a posé les chiffres suivants :
  • Depuis le début 2000, le tourisme arrive en première classe parmi les activités de service en Europe.
  • L’Europe à elle seule accueille 60% du tourisme international, possédant trois des quatre destinations les plus privilégiées par les touristes (à savoir la France, l’Espagne et l’Italie).
  • C’est aussi d’Europe que partent le plus grand nombre de touristes vers le reste du monde.
  • L’OMT estime qu’entre 2020 et 2030, le tourisme devrait augmenter d’environs 10%.
Avec l’accroissement du nombre de touristes partant d’Europe et venant en Europe, et l’accroissement des impacts négatifs sur les populations locales et l’environnement, l’Agenda 21 du tourisme européen s’est alors donné 4 objectifs :
  • Prévenir et réduire les impacts territoriaux et environnementaux du tourisme dans les destinations.
  • Maîtriser la croissance des transports liés au tourisme et ses effets négatifs sur l’environnement.
  • Encourager un tourisme favorable à un développement local durable maîtrisé par les acteurs du secteur.
  • Promouvoir un tourisme responsable, facteur de développement social et culturel.
L’idée étant d’associer tous les acteurs concernés dans le domaine du tourisme.

Les diverses branches du tourisme durable

Dans le langage courant, aussi bien utilisé par des particuliers que par des professionnels, on a tendance à utiliser d’autres termes pour qualifier ce type de tourisme : éco-tourisme, tourisme responsable, tourisme équitable, tourisme solidaire, etc. Si ces derniers sont vus comme des synonymes car ils reposent tous sur un même postulat de base, chacun apporte son propre lot de nuances, aussi subtiles soient-elles.

Éco-tourisme

Première branche du tourisme durable, l’Eco-tourisme s’axe en priorité sur la découverte de zones naturelles, à la diversité biologique riche et bien conservée. Ici c’est la sensibilité environnement qui prédomine sur l’économie et sur la société.
Le but est de sensibiliser le touriste aux enjeux de l’environnement, et le faire participer à la sauvegarde de ces zones naturelles et de sa biodiversité. C’est très certainement le type de tourisme durable qui prône le plus l’objectif environnemental abordé dans la thématique du développement durable.
L’Eco-tourisme est de plus en plus employé à travers le monde, et connaît un formidable essor dans certains pays en particuliers qui sont connus pour leur patrimoine naturel. C’est le cas par exemple du Costa Rica, qui regroupe à lui seul 6% de la biodiversité totale de la planète mal gré sa petite superficie, et dont 23% de son territoire (terrestre et maritime) est protégé. Le Costa Rica a aussi pour vocation d’être le premier pays au monde a être « neutre en carbone », ce qui veut dire qu’il vise à compenser complètement ses émissions de gaz à effet de serre, en particulier ses émissions de CO2.
De manière générale, on pourra souvent entendre d’un pays souhaitant s’inscrire dans une démarche respectueuse de l’environnement qu’il cherche à réduire son empreinte écologique. L’empreinte écologique est un indicateur évaluant le taux de ressources et service proposés par la nature que consomme l’homme. Plus l’empreinte écologique d’un pays est élevée, plus la consommation des ressources naturelle est importante et donc plus l’homme a un impact négatif sur ces dernières et sur l’environnement.
Ainsi, une des composantes de l’éco-tourisme est de réduire cette empreinte écologique, en proposant une meilleure gestion des ressources.

Quelques chiffres supplémentaires sur l’éco-tourisme, dans le cadre de la France :

  • 84% des français déclarent avoir déjà entendu au moins un des termes associés au tourisme durable, en prenant majoritairement en compte le respect de l’environnement.
  • 90% des français se disent attentifs au respect de l’environnement, 39% se disent très attentifs.
  • 25% des français se préoccupent de la contribution du tourisme à l’émission de gaz à effet de serre.

Tourisme durable équitable

Deuxième branche du tourisme durable, le Tourisme Equitable reprend l’idéologie du commerce équitable : un système d’échange dont l’objectif est de parvenir à une meilleure égalité dans le commerce conventionnel. Ici c’est l’économie qui prédomine sur l’aspect environnement et société.
Sa démarche consiste à utiliser le commerce comme un levier de développement et de réduction des inégalités, en veillant à la juste rétribution des producteurs. Par extension, le tourisme équitable a pour principe de placer les communautés que l’on va visiter en tant qu’actrices directes du tourisme. Bien souvent, les populations locales participent en proposant des activités aux touristes afin de leur montrer leur mode de vie, leur culture, leurs traditions et ce qu’elles font au quotidien.
L’accent est alors mit sur l’aspect économique du développement durable d’une part, afin que les populations ciblées puissent bénéficier des retombées économiques de leurs actions, comme si elles servaient en tant que prestataires.
Le tourisme équitable s’inscrit aussi dans la dimension sociale du développement durable, ayant pour objectif de proposer un échange culturel entre autochtones et touristes.Plusieurs entreprises et associations se spécialisent dans cette branche du tourisme durable afin de proposer des produits uniques mettant l’accent sur l’authenticité du voyage, l’échange socioculturel et le contact humain. C’est le cas notamment de l’ATES (Association pour le Tourisme Equitable et Solidaire) qui a par exemple mit en ligne un voyage au Maroc avec comme activité phare la découverte du village de Taliouine, réputé pour sa culture du safran. Ainsi, le tourisme équitable est générateur d’emploi, en particulier dans les pays en voie de développement.

Tourisme durable solidaire

Troisième branche du tourisme durable, le Tourisme Solidaire, que l’on pourrait tout aussi bien appeler Tourisme Humanitaire ou Tourisme Caritatif, a pour principal objectif d’apporter une aide, un soutien aux populations cibles, souvent démunies.
Pivot central du genre, le Tourisme Solidaire s’organise généralement avec une association, par le biais de bénévoles se rendant dans les pays émergents (PE) ou moins avancés (PMA) dans le cadre de missions humanitaires pouvant toucher à plusieurs domaines : construction de puits dans les milieux où l’eau potable est difficile d’accès, apport de soutien scolaire aux enfants défavorisés, services de restauration, etc.
Le touriste solidaire a pour intérêt de venir améliorer la qualité de vie des autochtones, et c’est aussi une occasion pour lui de bénéficier d’échanges culturels avec ces derniers, et d’être sensibilisé à leurs difficultés.
Le tourisme solidaire a tendance aussi à se démocratiser auprès d’une population jeune dans les pays développés, et ce depuis plusieurs années déjà. Par exemple, en France, des associations on proposé à des établissements scolaires d’impliquer des collégiens et des lycéens dans des projets en commun, leur permettant d’aller voyager à travers le globe afin de rencontrer et d’aider d’autres peuples.
Ainsi, depuis 2010, plusieurs centaines d’opérations ont été notamment menées en Afrique de l’Ouest et en Asie du Sud-Est afin de construire des points d’eau potable ou d’apporter de la nourriture et des livres à des enfants défavorisés.

Quelques chiffres prometteur autour du tourisme solidaire :

  • On estime à 10 millions le nombre d’ONG dans le monde, dont 1.1 millions étant françaises.
  • En France, on estime le nombre de bénévoles dans les associations à 15 millions.
  • Selon une étude de l’UNAT, en France, sur le nombre d’interviewés, 30% associe le tourisme équitable et solidaire à la notion de commerce équitable, 26% au soutien des populations locales, 17% à la notion de respect et 16% à la notion d’échange.
  • Entre 3000 et 5000 touristes solidaires partent par an avec une association.
  • Au sein de l’ATR (Agir pour un Tourisme Responsable), les tour-opérateurs estiment leur nombre de clients solidaires (ou « éthiques ») à 100 000.
Enfin, dernière branche du tourisme durable qui sera évoquée ici, le Tourisme Responsable est certainement le terme le moins évident à catégoriser et à différencier de tout le reste.
C’est là où les gens font souvent l’amalgame avec toutes les autres branches et avec la notion même de tourisme durable.
Essayons néanmoins de le nuancer. Déjà, le tourisme responsable n’est pas un type de tourisme en lui-même. C’est plutôt une volonté, un état d’esprit. Une étiquette que l’on cherche à passer aux touristes. Il s’agit ici de changer les habitudes des touristes, de leur faire adopter une autre manière de voyager.
Il met l’accent principalement sur le respect des lieux visités, des populations et est empreint d’une forte notion de civisme. C’est certainement lui qui réprime le plus directement le tourisme de masse et ses conséquences. L’impact négatif du sur-tourisme sur les locaux est un moteur de l’objectif que cherche à atteindre le tourisme responsable.
Avec l’accroissement du domaine touristique « classique » et le non-respect qu’affichent ses consommateurs dans les endroits qu’ils visitent, l’apparition d’une certaine haine des populations locales envers ces derniers est plutôt fréquente : on parle de tourismophobie.
Certains cas sont très parlants comme par exemple sur la côte catalane en Espagne, au niveau de Barcelone et des cités avoisinantes, où les tensions entre locaux et touristes étaient plus que présentes il y a quelques années en arrière. Le tourisme responsable cherche alors à sensibiliser les touristes en question, afin de les inciter à être plus respectueux dans les villes qu’ils visitent, afin de calmer les tensions. Il s’agit aussi de gérer au mieux les forts afflux de consommateurs dans les endroits phares.
Après avoir défini toutes ses composantes et mis en valeurs quelles étaient leurs nuances, il est évident que le tourisme durable est un domaine varié et prometteur, tourné vers l’avenir et qui s’accroche a des objectifs concrets, en accord avec le développement durable. Il reste néanmoins une question, à laquelle nous allons répondre en plusieurs points : en quoi le tourisme durable est-il une nouvelle tendance du tourisme ?
  • Le marché est jeune : son émergence ne s’est faîte qu’à partir du début des années 2000, et ce marché va s’accroître avec l’importance progressive que l’on accorde au développement durable.
  • C’est un domaine d’actualité, et même d’avenir : puisqu’il prend en compte les problématiques sociales, culturelles, écologiques et économiques sur lesquelles les gouvernements mettent de plus en plus de moyens et d’importance.
  • C’est un marché porteur d’emplois : le tourisme durable étant encore relativement peu développé, mais étant particulièrement attractif dans les pays en voie de développement, il est une excellente opportunité pour améliorer l’économie d’une nation et diminuer le taux de chômage/de non-emploi.
  • Le marché est novateur : de part son côté récent et son idéologie, le tourisme durable propose une manière de voyager qui se différencie complètement du tourisme de masse, et qui est donc susceptible d’attirer de plus en plus de clients.
  • Le tourisme durable est authentique : il cherche à faire participer les peuples dans le domaine du tourisme afin de faire partager leur culture, mais aussi de préserver les écosystèmes.
  • D’un point de vue philosophique : œuvrer dans le tourisme durable, c’est agir pour une cause que l’on estime juste. C’est se donner la fierté de réaliser une action qui nous semble bénéfique, pour nous, pour tout le monde. C’est cette idée de « protéger la planète, les êtres vivants et les peuples ». Le tourisme durable mise sur un fort côté participatif.
  • Le tourisme durable, c’est sortir du moule mis en place depuis longtemps par le tourisme classique : aller à l’encontre du tourisme de masse et ce qu’il engendre, ce qui rejoint tous les points cités juste au-dessus.
Le tourisme durable est un secteur tourné vers l’avenir avec des ambitions à la fois nobles et salutaires. Il vise à réduire l’impact qu’à l’homme sur lui-même et sur l’environnement.
Protecteur d’écosystèmes, conservateur des cultures, créateur d’emploi, le tourisme durable est un tourisme alternatif au tourisme de masse qui cherche à limiter ses dégradations pour un avenir meilleur.
Le tourisme est l’une des plus grosses industries du monde, ainsi donc l’influence qu’il a sur la planète et sur ses habitants est particulièrement forte, que ce soit en bien comme en mal.
Actuellement, le tourisme durable peine encore à vraiment se développer, la faute aux prix beaucoup plus attractifs que propose le tourisme de masse, pour autant il a une communauté supportant son idéologie qui croit rapidement. Reste à voir ce qu’il peut atteindre dans les prochaines décennies.